Matériel de reportage
Par BLP Radio le 21 January 2019
Essayons de faire un tour des appareils et matériels qui nous permettrons de mener à bien nos projets. En fonction de nos objectifs, la quantité et la gamme des produit pourront sensiblement varier. Au minimum, nous devrons nous procurer de quoi enregistrer des sons, en ayant à l’esprit la réussite et la qualité des enregistrements. Pour cela, bon nombre de fabricants proposent des solutions séduisantes, dans une gamme de prix allant d’une centaine d’euros à plusieurs milliers.
Sur le terrain
Un enregistreur portable est le minimum requis pour bien commencer. Il permettra de faire des enregistrements aussi bien en situation “studio” qu’à l’extérieur lors de reportages. Nous allons en découvrir quelques-uns, mais il en existe tellement qu’il serait difficile ici d’en faire une liste exhaustive !
Le tout-en-un
La marque pionnière et bien connu des musiciens est sans conteste Zoom®. Cette marque propose une gamme étendue d’enregistreurs de terrain, intégrant dans le même boîtier la partie enregistrement (sur carte SD), les micros, et la batterie. Notre choix se portera par exemple sur un modèle simple d’utilisation et compact : le Zoom H1n, permettant une prise de son stéréo, une grande autonomie (10h d’enregistrement), et attractif par son prix inférieur à 100 euros. La concurrence n’est pas en reste. Olympus propose le LS-P1 pour un peu plus de 100 euros. Bien qu’attractif sur le plan financier ces appareils d’entrée de gamme présentent tout de même une limitation qui dans le futur s’avèrera handicapante : il n’est pas possible d’y connecter un micro déporté, qui dans bien des cas sera préférable.
Tascam propose une alternative séduisante avec le DR-40 : il dispose comme les modèles précédents de micros intégrés, et d’entrées pour y connecter un ou deux micros déportés. Son utilisation n’en est pas plus compliquée, et présente un excellent rapport qualité/prix en restant dans une fourchette entre 100 et 200€. Chez Zoom, le modèle équivalent est le H4n, un peu plus cher, offrant la possibilité d’enregistrer simultanément le son des micros intégrés et des sources externes, sur des pistes différentes.
Dans cette gamme de tout-en-un, il existe bien d’autres solutions, mais l’objectif ici est de vous donner des pistes de recherche. Il faudra pour choisir, en fonction du budget, s’attarder sur les points suivants :
- la simplicité d’utilisation
- l’autonomie sur pile ou batteries
- la qualité des micros internes
- la possibilité d’y adjoindre d’autres micros
- la taille et le poids de l’appareil.
Pour les pros
Comme pour les modèles déjà évoqués, voici des pistes pour ceux qui souhaitent des appareils haut de gamme, souvent plus robustes, et dont la qualité d’enregistrement est irréprochable. Du coup, leur utilisation peut être un peu plus complexe et demandera plus d’attention. Notre choix se portera sur le Tascom DR-100 MK3 : Doté de de deux paires de micros (directionnels et omnidirectionnels), d’entrées pour micros externes, d’un réglage de gain très accessible, d’un limiteur et d’une fonction de pré-enregistrement. Pour un budget aux alentours de 300€, ce modèle est un bon choix polyvalent. Chez Zoom, c’est le H6 qui retient notre attention, pour une enveloppe d’un peu plus de 300€, il propose un enregistrement sur 6 pistes, des micros internes interchangeables (notons la possibilité d’y installer une capsule M/S), 4 entrées externes, des fonctions d’édition et de mixage. C’est sans doute le plus complet dans cette gamme de prix.
Nous ne pouvons terminer sans citer Nagra, sans doute la marque plébiscitée par les professionnels du son depuis plusieurs décennies. Mais la rolls des enregistreurs de terrain a un coût : en entrée de gamme, le Mezzo vous en coutera près de 400€, et le Nagra Seven, une référence incontestée, plus de 4000€. Ce qui en fait des appareils hors de portée d’une petite radio.
Le combo outsider !
C’est l’assemblage d’un enregistreur simple et efficace, et d’un micro choisi. C’est Tascam qui nous propose le DR-10X. D’une forme compacte, poids plume, et nécessite seulement l’appui sur un seul bouton pour commencer un enregistrement, il est sans doute le plus simple à utiliser. Son AGC (contrôle automatique du gain) est très efficace et transparent. Par ailleurs, sa fonction d’enregistrement de sécurité (une piste est enregistrée au niveau normal, l’autre à -20db) évitera de perdre une prise de son à cause d’une saturation en cas de niveau trop important. Nous avons aussi apprécié son autonomie : une seule pille AAA et plus de 10h d’autonomie ! Côté micro, il sera possible de le connecter à ce qu’on aura sous la main : un SM58, M88, ou même un DO21… Notre choix s’est porté sur le Rode Reporter. Ce micro à la forme effilée se démarque par une prise en main agréable et pratique, une capsule omnidirectionnelle, un coupe vent intégré, et une robustesse remarquable. Côté budget, il faut compter 200€ pour le DR-10X et moins de 150€ pour le Rode Reporter.
La solution rétro
Soyons fous… Il est bien entendu possible de résister aux nouvelles technologies, et de continuer à utiliser un simple enregistreur à cassette ou à bandes. Citons le Marrantz CP430 à cassette qui fut utilisé par presque toutes les radios locales dans les années 90. On pourra aussi se procurer d’occasion un magnétophone UHER Report, qui fut de son temps appelé le Nagra du pauvre. Il est encore possible de se procurer des bandes ! Mais du coup, chaque enregistrement aura un coût : il faut idéalement une bande neuve à chaque fois. Ensuite, il faudra numériser chaque enregistrement (ce qui prend du temps), puis le monter sur le logiciel de son choix, si le montage n’est pas au préalable fait directement en coupant la bande… A l’ancienne ! Au-delà du simple coup de folie, ce peut être un bel atelier de découverte à offrir aux jeunes générations.
Le micro
Le choix d’un micro est souvent critique. Bien que les micros des appareils cités soient de qualité très convenable, ils sont souvent inadaptés a la prise de son parole, dite de proximité. On préférera de loin un micro main, aussi classique soit-il. Le premier qui viendra à l’esprit sera le classique Shure SM58. Ce micro plus que cinquantenaire tient toujours le haute d’affiche. Polyvalent, robuste et fiable, il vous accompagnera durant de longues années (nous en avons qui ont plus de 30 ans !). Son prix : environ 100€.
D’autres alternatives : le Rode Reporter cité plus haut est un choix pertinent pour le reportage, particulièrement en extérieur. J’aime bien aussi, dans le même esprit, le LEM DO21B. Quasiment incassable, intemporel, il est l’allié idéal du reporter audio (compter un peu plus de 300€). On peut aussi citer le M88, qui donnera un son chaud et très défini pour un montant d’environ 300€.
Et puis, il y a votre choix… Un micro, comme un casque ou une paire d’enceinte ne peut se choisir pour un autre ! C’est en essayant qu’on sera convaincu, ou non, de la pertinence d’un model. Globalement, dans un budget de 100 à 300€, vous vous assurez d’une conception fiable, et d’une qualité dans la moyenne.
Les accessoires…
Ils faudra prévoir quelques accessoires, plus ou moins indispensables : du câble pour le micro au casque pour le contrôle, en passant par les bonnettes anti-pop ou anti-vent, les sacoches de transport et de protection, les batteries (sans oublier le chargeur – rapide de préférence) et piles, les cartes mémoire adaptées, les supports et pieds… Alors, voici quelques conseils :
- Le câble micro : préférons un câble de qualité, souple et court – 1 mètre est bien suffisant pour le reportage. On peut prévoir un câble plus long pour, pour par exemple poser le micro sur une table éloignée de l’opérateur ; 5 mètres devraient suffire et reste facilement logeable dans une sacoche de transport.
- Les bonnettes permettent le limiter les bruits de vent et de pop. Il en existe de toutes sortes, mais généralement un model basique fera l’affaire, pourvue qu’elle soit parfaitement adaptée au micro.
- Les cartes mémoire… Il est préférable d’utiliser plusieurs cartes de petite taille (4, 8, 16Go) plutôt qu’une grosse. D’une part, ça permet de répartir les enregistrements, de faire une rotation entre l’enregistreur et l’ordinateur, et d’éviter de perdre trop de contenu en cas de perte ou d’erreur de manipulation. Une carte mémoire ne doit pas devenir un espace de stockage !
- Piles ou batteries ? Bien que plus onéreux, je conseil l’utilisation de piles plutôt que les batteries. Ces dernières ne permettent pas d’utiliser l’appareil en comptant sur son autonomie nominale. Les batteries ont tendance à se décharger seules : rien de plus frustrant que de s’apercevoir au moment de faire une prise de son au milieu de nulle part, un dimanche, que les batteries sont déchargées ou ne permettront pas d’enregistrer plus de quelques minutes ! Donc, si vous utilisez couramment des batteries, ayez un kit de piles neuves dans la sacoche. De même, privilégiez un chargeur rapide, vous permettant de recharger en quelques heures, plutôt qu’un appareil premier prix qui donnera une charge complète en souvent plus de 10 heures !
- La sacoche : elle doit permettre d’emporter tout le nécessaire : l’enregistreur, son ou ses micros, les câbles, le casque, les supports mémoire, etc… Avec une bandoulière, c’est plus pratique. Une fermeture fiable c’est bien aussi. Je ne saurais que trop conseiller une sacoche en cuir, ce qui garantira longévité, imperméabilité, et protection du matériel. On peut aussi s’orienter vers les sacoches prévues à la base pour les appareils photo ou caméras vidéo. La plupart sont bien rembourrées, disposent souvent de séparateurs, et sont généralement imperméabilisées. Le cartable est aussi une solution alternative.
- Support et pied de micro : généralement, les enregistreurs portable sont équipé d’un pas de vis (dit Kodak) permettant leur fixation sur un pied d’appareil photo ou de caméra. Il existe de nombreuses offres de petits trépieds bien adaptés pour poser en sécurité l’appareil sur une table. Dans le même esprit, un petit pied de table pour le micro est un accessoire bien pratique.
- Le bloc note et le crayon : je terminerai avec ce kit indispensable ! Il permettra de noter tout ce qui nous servira au moment de la production : les coordonnées des personnes interviewées, les remarques concernant nos prises de sons… Dernier avantage, il ne tombe pas en panne de batteries !